Expo photo et interview de notre étudiant Nicolas Paumier !
Quel est votre parcours initial ?
J’ai obtenu un diplôme de technicien en maintenance industrielle en 1997 à Annecy, j’ai travaillé pendant 16 ans dans des secteurs industriels aéronautiques et médicaux. Après une première réflexion sur une reconversion (où la question de la photo se posait déjà), je me suis orienté vers la Médecine Traditionnelle Chinoise. J’avais besoin de découvrir cette philosophie et de considérer l’être humain dans sa globalité, corps et esprit. J’exerce ensuite comme thérapeute Shiatsu pendant 12 ans. Durant cette même période, J’ai accompagné des enfants et des jeunes adultes déficients intellectuels et/ou porteurs d’autisme dans un institut médico-éducatif. En 2021, un nouveau chapitre s’ouvre avec un déménagement en Suisse, dans le Tessin, où je décide enfin de transformer ma passion pour la photographie en métier.
Pourquoi avez-vous décidé de suivre une formation en photographie chez Nicéphore ?
Je recherchais une formation diplomante à distance, et Nicéphore m’a convaincu par sa flexibilité et son suivi personnalisé. J’avais envie d’avoir un but précis pour faire des photos et de considérer les commentaires d’un formateur. Je cherchais de l’objectivité, quitte à tout remettre en question. C’était aussi l’occasion de parler photo, de faire des rencontres autour de ce métier, et de m’ouvrir sur l’art et l’histoire de la photographie.
Que vous a apporté jusqu’ici cette formation et les retours de votre formateur Laurent ?
Très vite, la formation m’a plongé dans l’univers artistique. Je me suis immergé dans le contenu des classeurs, des vidéos en replay, des différents contenus, qui m’ont apporté de nouvelles perspectives et inspirations. Mes connaissances artistiques continuent de s’enrichir. Grâce au dialogue avec Laurent, mon formateur, ma confiance sur le plan technique a rapidement été renforcée. Puis, au fil des travaux rendus et des discussions, j’ai constaté une évolution dans mes photos, par exemple, j’ai plus de sensibilité à l’harmonie et à la quantité des couleurs présentes avant de déclencher. Mes goûts s’affinent et mes images évoluent.
Vous avez réalisé des portraits de commerçants de la ville de Lugano, qui ont été exposés à l’Asilo Ciani. Pouvez-vous nous en dire plus ?
J’avais dans mon portfolio des photos très appréciées par mon entourage, notamment des portraits en noir et blanc d’amis commerçants. Je songeais souvent à une éventuelle suite à cette série. J’ai envoyé un mail exprimant directement un désir d’exposer ce genre de portrait à l’association des commerçants la plus proche, ici à Lugano, en joignant des images et en insistant sur la mise en lumière de métiers locaux. L’association en question a eu de l’intérêt dans ce projet, elle qui voulait créer quelque chose de vivant, visuel et rassembleur vis-à-vis de ses sociétaires et du public. Le projet a convaincu les commerçants lors d’une assemblée et un cahier des charges est né. 45 commerçants se sont inscrits pour ce projet et l’expo devait se tenir fin novembre, nous étions en avril.
Qu’est-ce qui vous motivait dans la réalisation de ces images ?
L’aspect local de ce projet était stimulant et facilitant. Je prenais rdv avec des personnes qui avaient choisi de poser devant l’objectif. J’en profitais pour repérer les lumières, les arrière-plans potentiels et demandais aux « futurs modèles » de quelle façon ils voulaient représenter leur métier. J’ai aimé faire preuve d’astuce, car je n’ai utilisé que les lumières présentes. Toutes les séances étaient différentes, j’ai tourné des spots orientables aux plafonds, emprunté les miroirs des opticiens et coiffeurs, demandé des assistants, fait bouger un camion à cause d’une ombre, dépoussiéré un spot de chantier, chamboulé des étagères, caché des rubans de LED avec du scotch, etc… Je voulais surtout rester fidèle aux ambiances de chacun. Et bien sûr, c’était très motivant de savoir que les photos allaient exister « en vrai », sur du papier, encadrées et exposées au public. J’étais très curieux de découvrir le résultat final.
Portraits de commerçants de Lugano ©Nicolas Paumier
Comment avez-vous mis en place cette expo ?
L’association des commerçants m’a laissé carte blanche pour les photos et s’est occupée des fournitures. Leurs sponsors habituels sont présents, assurant du même coup l’affichage, la salle, et le vernissage. La mise en scène est co-réalisée avec un membre de l’association, graphiste de métier. Nous avons préalablement fait un visuel sur Illustrator pour optimiser l’espace de l’Asilo Ciani, un magnifique bâtiment historique, idéal pour les petites expositions. Nous avions beaucoup anticipé les aspects techniques avec le personnel du Centre des Congrès pour que le montage soit fluide et sans surprise.
Quel souvenir en gardez-vous ?
J’ai eu le sentiment d’avoir accompli quelque chose d’authentique en voyant les commerçants commenter leurs portraits, les entendre dire que les photos reflètent correctement leur personnalité et leur métier. Le travail réalisé prenait vraiment du sens en écoutant les retours des visiteurs, inconnus ou proches, qui exprimaient leur admiration pour le travail exposé avec une simple phrase, comme « On ressent quelque chose dans ces portraits », ou « C’est bien lui/elle sur cette photo, on le/la reconnaît bien ». Observer les gens interagir avec ses photographies, dans un superbe lieu, était un mélange de nouveauté et aussi de légitimité.
Avez-vous noué des contacts intéressants grâce à cet évènement ?
J’ai croisé des personnes issues de nombreux horizons, le champ d’action est très large : il englobe bien sûr les domaines artistiques et culturels, mais aussi ceux explorés auprès des commerçants. De nombreuses personnes ont pris ma carte de visite, entraînant des retombées immédiates. J’ai eu des commandes de photos, des portraits familiaux, des portraits corporate ou des photos de produits/boutique pour les réseaux sociaux. Ces rencontres continuent encore de générer de nouveaux contacts et favorisent le partage.
Pourriez-vous citer un photographe ou un style d’image qui vous inspirent particulièrement ?
Ce qui m’inspire est assez vaste. Le fil rouge serait quand il y a une ou deux secondes hors temps en découvrant l’image, le visage figé, et que l’imagination s’envole. Particulièrement quand le sujet semble évident, comme avec les reportages, j’aime que le photographe apporte ce « truc en plus », moins palpable, moins sensationnel. Le sujet n’est pas mis au second plan mais je pense que la réflexion est plus aboutie.
Le collectif Divergence-Images m’interpelle, même si je n’ai pas encore tout vu de ses 150 reporters, le travail de Laurent Hazgui, journaliste-rédacteur, m’inspire par son regard réfléchi, presque méditatif. Les photos de Brock Elbank me touchent, il transforme des caractéristiques physiques souvent considérées comme atypiques ou clivantes en éléments esthétiques. Le message n’en est que plus profond.
Un trimestriel qui m’inspire : #59 Magazine, fondé par le photographe néerlandais Mart Engelen. Ce magazine explore des thèmes variés tout en gardant une ligne éditoriale artistique très marquée. Je trouve aussi une ambiance à la fois sobre, esthétique et parfois teintée de mélancolie dans de nombreux comptes Instagram axés sur la photographie argentique.
Quel travail de la formation vous a particulièrement plu et pourquoi ?
Le travail 13, au stenopé m’a beaucoup plu : au-delà de bricoler le bouchon d’origine du boîtier j’ai aimé maintenir l’obturateur ouvert, déclencheur déporté en main, en comptant les secondes dans ma tête. C’était très intéressant d’essayer différents temps de pose. Je me rappelle la surprise de deux passantes qui m’ont vu avec un trépied et un boîtier sans objectif, j’étais amusé par leurs efforts déployés pour que je ne vois pas leur étonnement. Les résultats après post-traitement ont été une vraie bonne surprise.
Travail N°13 au sténopé ©Nicolas Paumier
Y a t’il un travail en particulier qui vous a fait sortir de votre zone de confort ?
Pour le travail 10 sur les textures, Laurent voulait un peu de challenge… j’avais alors pensé à la texture de la peau humaine, ça me paraissait complètement fou et difficile. C’était nouveau pour moi, vaincre ma timidité pour proposer le projet à une modèle, imaginer et expliquer à l’avance ce que je voulais, avoir une certaine pression pour obtenir un bon résultat en une séance. Je me rappelle que tous ces paramètres m’ont vraiment sortis de ma zone de confort. Avec du recul, c’était une séance agréable, et maintenant toutes ces choses ne sont plus vraiment gênantes.
Travail N°10 sur les textures ©Nicolas Paumier
Quelle est l’image dont vous êtes le plus fier, réalisée pour un travail Nicéphore ?
Avec le travail 15, je voulais absolument rendre certaines images avec un arrière-plan filé, même si je n’ai pas l’habitude de travailler en priorité vitesse. J’ai suivi une amie lors d’une séance de natation, dans une piscine extérieure, plutôt bondée. J’avais noté les heures du coucher du soleil. Mon optique étant peu discrète, il a fallu négocier avec le personnel et faire vite. Je suis fier de ces photos, notamment le crawl vu de profil et son décor qui file.
« Crawl » issue du Travail N°15 sur la vitesse ©Nicolas Paumier
Quels sont vos projets photo pour l’avenir et notamment lorsque vous serez diplômé ?
Pour l’avenir, j’ai plusieurs axes de réflexion. Je souhaite continuer à réaliser des commandes photos classiques, en espérant toujours trouver une fierté dans la satisfaction de mes clients. J’aimerais aussi faire des reportages photo et proposer mon regard. Pour affirmer mon style, je vais continuer d’explorer différents projets photographiques, comme renouveler mon exposition dans d’autres villes, en affinant le thème. J’ai pensé aussi à un livre. J’ai aussi à l’esprit un « vieux » projet qui n’a jamais vu le jour : animer des sorties photos avec des personnes atteintes de déficience intellectuelle. Plus récemment, j’ai imaginé mettre en parallèle leur regard, exprimé par la photographie, et leur quotidien, à travers un reportage.
Un mot pour les futurs étudiants qui hésiteraient à se lancer dans notre formation à distance en photographie ?
La formation me permet de développer une vision claire de la photographie et couvre réellement toutes ses facettes. Je ne m’attendais pas à autant de diversité, vidéos nombreuses, défis photo, concours, rencontres…Toutes ces activités sont une véritable source d’inspiration et d’enrichissement. C’est un excellent moyen de mettre un pied dans le milieu de la photographie professionnelle.
Pour suivre le travail de Nicolas, rendez-vous sur son compte Instagram ou son portfolio en ligne !